Djerba, située dans le sud-est de la Tunisie, fait face à des changements climatiques significatifs qui affectent particulièrement ses ressources en eau. Les projections climatiques indiquent que cette île est déjà exposée, et continuera de l’être, à des phénomènes de réchauffement global, à une baisse des précipitations, et à une montée du niveau de la mer.
Ces facteurs combinés posent des défis majeurs pour la gestion de l’eau, un élément vital pour les habitants et l’agriculture locale.
Les précipitations à Djerba sont traditionnellement faibles et irrégulières, avec une moyenne actuelle d’environ 248,8 mm par an.
Toutefois, cette quantité ne suffit déjà pas à répondre aux besoins en eau des habitants et du secteur agricole.
Les prévisions climatiques sont encore plus alarmantes : d’ici 2100, le cumul des précipitations annuelles pourrait baisser de 20 %, passant de 200 mm à seulement 160 mm. De plus, les années de sécheresse risquent de devenir plus fréquentes et plus longues.
L’irrégularité des précipitations à Djerba est également problématique, avec une répartition inégale des pluies tout au long de l’année. Les mois les plus humides, tels que septembre, décembre, et janvier, verront probablement une réduction des précipitations, tandis que des périodes de sécheresse prolongée deviendront la norme.
Cette irrégularité compromet la capacité de stockage et de gestion de l’eau dans les systèmes traditionnels comme les fessguiyas, qui recueillent les eaux de pluie pour les besoins domestiques et agricoles.
En parallèle à la diminution des précipitations, les températures à Djerba augmentent de manière notable en raison du réchauffement climatique.
La température moyenne annuelle maximale, actuellement de 24,5°C, pourrait atteindre près de 29°C d’ici la fin du siècle. Cette hausse des températures, associée à un nombre croissant de jours de canicule (au-delà de 40°C), entraînera une augmentation significative de la demande en eau, à la fois pour l’hydratation et pour les usages domestiques, en particulier la climatisation.
La combinaison de la baisse des précipitations et de l’augmentation des températures représente une menace directe pour les ressources en eau de Djerba.
Les fessguiyas, systèmes ancestraux de collecte des eaux de pluie, risquent de se vider plus rapidement que par le passé. De même, les nappes phréatiques, déjà fragilisées par une surexploitation, pourraient ne pas se recharger suffisamment en raison de la rareté des pluies.
La réduction des ressources en eau imposera une pression accrue sur la SONEDE (Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux), qui assure la distribution de l’eau potable à la population.
Cette augmentation de la demande, combinée à une offre de plus en plus limitée, risque de provoquer des pénuries d’eau, particulièrement durant les périodes estivales où les besoins sont les plus élevés.
Face à ces défis, Djerba doit impérativement repenser sa gestion des ressources en eau. L’optimisation de la collecte des eaux pluviales, l’amélioration de l’efficacité des systèmes d’irrigation, et l’adaptation des pratiques agricoles sont autant de mesures qui doivent être mises en œuvre pour atténuer les impacts du changement climatique.
Dans ce contexte, une planification rigoureuse et une gestion durable des ressources en eau sont essentielles pour garantir l’avenir de l’île et de ses habitants.